La Société d'Art et d'Histoire de Sarlat et du Périgord Noir

 
BULLETIN n°164 - 1er trimestre 2021
Sommaire des bulletins

        

D'épidémies en pandémies...

 

Le bulletin 164 d’Art et Histoire en Périgord Noir, 1er trimestre 2021, bulletin de la Société d’Art et d’Histoire de Sarlat et du Périgord noir (SAHSPN), vient de paraître.

 

Les historiens connaissent depuis longtemps la valeur documentaire des livres de raison où sont consignés au jour le jour les évènements de la vie quotidienne. À partir de cette source, complétée par de multiples témoignages, Claude Lacombe parvient ainsi à retracer le parcours des grandes épidémies qui ravagèrent le Périgord au XVIIe siècle. Outre cette géographie, il décrit les moyens sanitaires employés pour s’y opposer ainsi que les tentatives d’explication données par les contemporains au sujet de ce fléau qu’était la peste. Pour Pierre Bessot, ce mal était une punition divine sanctionnant le fléchissement d’une ferveur populaire qui, avec l’épidémie, retrouva un grand dynamisme : les messes en l’honneur de la Vierge, les processions et pèlerinages, les promesses de dons se multiplièrent en faveur de saint Roch, très souvent invoqué contre cette maladie. Comme les prières semblaient ne pas suffire, les astrologues furent aussi consultés. Ils scrutaient le ciel à la recherche de phénomènes célestes anormaux qui annonçaient la fin prochaine de la peste. La panique était donc grande, à la mesure d’une mortalité qui emporta, selon l’auteur, de 15 à 30 % de la population, vidant certaines campagnes comme l’indiquent les registres fiscaux orphelins de leurs contribuables.

 

Combien d’écrivains figurant dans les anciens catalogues d’éditeurs sont-ils encore connus de nos jours ? Sans doute bien peu comme l’atteste l’article de Claudine Catinel au sujet de Geneviève de Cézac. Issue de la petite noblesse, cette Périgourdine, femme de lettre, passa son enfance à Saint-Crépin-d’Auberoche, dans la chartreuse de Petit Vertiol, puis à Saint-Geyrac dans celle de la Côte, propriété de son mari, Henri-Bertrand-Marie-Pierre Brachet de la Menuze. Ce parcours assez classique, pour une femme de son milieu, fut la source de son inspiration : connaissant le monde paysan, elle en fait une description de qualité ; issue de familles très pratiquantes, ses personnages affichent leur foi catholique. Le succès fut au rendez-vous ; elle devint un écrivain populaire à forts tirages. Pour autant, cette réussite ne put la préserver d’une relative pauvreté et de l’oubli de son œuvre au cours du XXe siècle. Geneviève de Cézac est donc un auteur à redécouvrir.

 

Installé à Belvès en 1910, le docteur Murat était un bon médecin qui n’hésitait pas à opérer lorsque cela s’avérait nécessaire. N’étaient hospitalisés que les cas les plus graves, ce qui convenait à sa clientèle : un séjour à l’hôpital pouvait ruiner une famille. Le docteur Murat avait de l’autorité : après examen, ses conseils étaient des ordres et ça bardait dans les chaumières si l’on ne suivait pas ses prescriptions, expliquées dans un patois explosif qui annonçait parfois sans ménagement au malade ou au blessé son probable décès. Lorsque la grippe espagnole survint (1918), Murat opéra souvent. Le canif aiguisé puis stérilisé était enfoncé entre deux côtes jusqu’à ce que le liquide purulent jaillisse sur un linge qui devait être renouvelé régulièrement jusqu’à la guérison. Celle-ci était loin d’être assurée comme le constatait le docteur quelque peu désabusé : J’ai fait mon boulot, disait-il, ils s’en sortent ou ils crèvent, c’est comme ça avec cette saloperie de grippe. Cette rudesse du docteur Murat était celle de son époque ; personne ne la lui reprochait d’autant que le praticien, avec sa manière bourrue, faisait preuve au quotidien d’une grande humanité.

 

Olivier Royon

 

 

 


L'habit des médecins et autres personnages
qui visitent les pestiférés au XVIIe siècle (© Internet)

 

On peut se procurer ce bulletin à l’espace Culture du centre Leclerc, ou à la librairie Évasion, rue de la République, ou à la Librairie-presse, au centre commercial Carrefour de la croix-rouge, à Sarlat, à la boutique Biocoop, au Pontet, ainsi qu’à Bio et Saveurs à Saint-Cybranet. Il est toujours possible de s’abonner ou de se procurer les anciens numéros en s’adressant au secrétariat de la société : Société d’Art et d’Histoire de Sarlat et du Périgord Noir, B.P. 47 24201 Sarlat Cedex

 

       


 

 

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