La Société d'Art et d'Histoire de Sarlat et du Périgord Noir

 
BULLETIN n°140 - 1er trimestre 2015
Sommaire des bulletins

        

Entre truffes et orgues en Sarladais

 

  Le bulletin n° 140, 1er trimestre 2015, de la Société d'Art et d'Histoire de Sarlat et du Périgord Noir qui vient de paraître apporte, par sa diversité, un goût de printemps ! Le voyage organisé au Benelux par notre Société, fait l'objet d'une relation très complète de Jeanine Mognier qui donnera, à certains, des envies d'évasion vers ces pays du Nord. Tout n'y est pas que brumes et dunes. Belgique, Pays-Bas et Luxembourg ont su, au temps de leur splendeur commerciale, se doter de monuments et d'œuvres d'art qui réchauffent leurs villes mais aussi leurs intérieurs. On vient du monde entier pour leur passé et leur dynamisme commercial et pas seulement du Périgord.

  Un sous-préfet n'est pas forcément aux champs. Il peut s'intéresser à une chanson révolutionnaire composée par un paysan salignacois, en patois périgourdin. Tel est le cas de Gustave Hermann, sous-préfet de Nontron, qui sut traduire et transcrire ce compositeur anonyme. Fervent républicain, celui-ci célèbre la Constitution de 1791, il n'y a plus qu'un Etat, les droits de l'homme et du citoyen sont reconnus. S'il chante victoire, l'auteur, au long des strophes du chant rimé dénonce aussi les trames coupables, les ligues exécrables et exprime sa haine de l'Ancien Régime. Bien qu'imprimé, rien n'indique que cette chanson ait été chantée sur la place publique. Les données complémentaires fournies par Claude Lacombe permettent de placer la chanson dans son contexte.

  S'il s'agit toujours de musique, nous changeons de répertoire avec Bernard Podevin qui poursuit l'histoire des organistes sarladais dans Musiciens à la cathédrale de Sarlat. De M Desgranges à Jean Darquier de 1894 à 1934. C'est en 1894, que M. Desgranges, aveugle, entame un court passage en tant qu'organiste et professeur de musique. Jean Darquier lui succède comme professeur de musique et maître de chapelle au collège Saint-Joseph et ajoute à ces fonctions, en 1895, celle d'organiste de la cathédrale. Il reconstitue le chœur d'hommes tantôt dénommé Orphéon, Union chorale ou Société chorale de Sarlat. La presse locale met en évidence le talent de pianiste de Darquier dans diverses manifestations musicales et comme organiste. Compositeur, on trouve trace de ses œuvres dans les programmes des concerts de Sarlat. A défaut de partitions, on en goûtera les titres surannés. Aucun titre de pièces pour orgue ou de chants religieux, sauf deux noëls, ont été retrouvés. La restauration des grandes orgues, entreprise en 1932, se fera avec la participation de Jean Darquier qui, prenant sa retraite et quittant Sarlat, fin1934, n'en verra pas le terme. Il aura marqué durant quarante ans la vie culturelle de la cité et donné une place importante aux orgues de la cathédrale.

  La lecture Du commerce des truffes entre Quercy et Périgord de 1880 à 1914 par Jean-Jacques Mayssonnier restitue un paradis perdu. Que de truffes ! Que de tonnes de truffes ! Sans s'arrêter aux chiffres, l'imagination s'emballerait de parfums gourmands si l'auteur ne nous ramenait sur terre par l'intérêt de ses propos. Entre Quercy et Périgord existe une réalité assez surprenante des flux d'approvisionnements entre ces deux régions. On voit les possibilités d'achat offertes par l'une et l'autre et par l'une à l'autre. On suit l'acheteur, avant 1914, sur les marchés du Périgord et en Quercy sur les marchés ou foires du Gourdonnais. Des documents cités, l'auteur donne une idée du potentiel de chacun des secteurs. La concurrence entre négociants en truffes et entre acheteurs a toujours joué. La vente au détail des truffes après la guerre de 1914-1918 change le marché. Dans un marché organisé, les truffes circulent en tous sens, chacun recherchant les produits de qualité sans se soucier de la terre où elles sont nées, sous le pavillon Truffes du Périgord.

  L'article Au fil des jours, au collège St Joseph, à Sarlat, entre 1939 et 1943 reprend des notes du P. Beylard, préfet du collège. La mobilisation des professeurs, en 1939 entraîne de nouveaux recrutements. L'aile nord est réquisitionnée comme hôpital complémentaire du Service de Santé et l'affectation des locaux scolaires s'en ressent. Par la suite, l'arrivée de réfugiés augmente l'effectif d'élèves avec 315 pensionnaires en 1940. La vie du collège difficile avec les restrictions ne sera pas résumée ici. Seuls sont cités les faits saillants : visite à Sarlat de G. Lamirand, secrétaire d'Etat à la Jeunesse, plus grande place faite à l'éducation physique, arrivée d'un nouveau recteur, messe de Requiem pou les anciens morts pour la France, manifestations en faveur des prisonniers et adoption, par chaque classe, d'un prisonnier, séances théâtrales montées par les élèves, invasion de la zone libre. Vous aurez, dans la revue, le détail de cette vie scolaire marquée, le 23 janvier 1943, par l'invasion des locaux par forces d'occupation à la recherche vaine d'un dépôt d'armes. A la fin de l'année scolaire, le 30 juin 1943, la distribution des prix eut lieu sans palmarès. Faute de papier, signe des temps !

  Dans Un périgourdin, témoin de la reddition des Japonais, à Singapour, le 12 septembre 1945, Gérard de Chaunac-Lanzac confie ses souvenirs de la cérémonie de cette reddition dont il fut le témoin en qualité d'aide de camp du général Leclerc, chef du Corps expéditionnaire français en Indochine. L'objectif primitivement fixé au général était de gagner au plus tôt le théâtre des opérations pour rendre l'Indochine à la France. Le lâcher de bombes atomiques sur le Japon, les évènements politiques internationaux et la demande d'armistice des Japonais modifièrent sa destination. Américains et Anglais étaient d'accord pour la signature des actes de reddition en deux étapes : l'une, présidée par le général MacArthur, reçoit la capitulation des membres du gouvernement japonais, l'autre, à Singapour, sous la présidence de l'amiral Mountbatten, reçoit la reddition des armées japonaises, le 12 septembre 1945. Désigné par le gouvernement français, le général Leclerc apposera sa signature au nom de la France au côté des autorités alliées. Le lieutenant de Chaunac-Lanzac fait partie de l'équipe qui accompagne le général Leclerc. Témoin oculaire de cette cérémonie historique, son récit place le lecteur au cœur d'une cérémonie où la simplicité n'écarte ni la grandeur, ni l'émotion.

Photo : Partition de musique de Jean Darquier

 

On peut se procurer ce bulletin à la maison de la Presse et à la librairie Majuscule à Sarlat. Il est toujours possible de s’abonner ou de se procurer les anciens numéros en s’adressant au secrétariat de la société : Société d’Art et d’Histoire de Sarlat et du Périgord Noir, B.P. 47 24201 Sarlat Cedex.

 

       


 

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