La Société d'Art et d'Histoire de Sarlat et du Périgord Noir

 
BULLETIN n°135 - 4ème trimestre 2013
Sommaire des bulletins

        

JEAN DE GONTAUD-BIRON,

AMBASSADEUR D'HENRI IV À CONSTANTINOPLE DE 1604 À 1610

De Salignac à Constantinople au XVIIe siècle

Dans son dernier bulletin n° 135 de l'année 2013 la Société d'Art et d'Histoire de Sarlat et du Périgord Noir offre à ses lecteurs une présentation innovante et exceptionnelle, avec la publication d'un seul grand article d'Annick Lebon-Hénault enrichi de nombreuses illustrations couleurs. C'est le récit du parcours fort peu connu de Jean de Gontaut-Biron, fils aîné d'Armand et de Jeanne de Salignac, nommé ambassadeur du roi de France à Constantinople.

Né au château de Salignac en 1553, la même année que Henri de Navarre, futur roi Henri IV, Jean de Gontaut, titré baron de Salignac à la mort de son père, est demeuré, sans interruption l'ami enthousiaste et le compagnon fidèle de son prince. Il le sert tant au péril de sa vie dans les années de troubles qui ensanglantent le royaume que par ses qualités d'administrateur et de diplomate, une fois la paix revenue. C'est en 1604 que le roi le nomme son ambassadeur au Levant.

L'Empire ottoman, qui était alors à son apogée, fascinait et terrorisait à la fois l'Occident chrétien. Henri IV était désireux de rétablir le prestige de la France, entamé par 30 années de guerres intérieures, et de maintenir, voire de renforcer les alliances, particulièrement avantageuses, signées depuis François Ier entre la France et la Sublime Porte, auxquelles on donne le nom de « capitulations » (au sens ancien de capituler, c'est-à-dire négocier, en latin « capitula »).

Avec une délégation d'une trentaine de personnes, notre ambassadeur quitte Paris le 4 septembre 1604, chemine par l'Allemagne avant d'atteindre Venise, sublime et Sérénissime cité des Doges, qui réserve un accueil des plus généreux à nos Français et d'où ils doivent s'embarquer pour un long périple autour de la péninsule balkanique, avant d'atteindre Constantinople.

C'est à l'un de ses compagnons, un Périgourdin nommé Julien Bordier, qui faisait office d'écuyer, que nous devons la relation détaillée de cette aventure maritime et diplomatique, dont le manuscrit original est conservé à la BNF. Ce Julien Bordier est un lettré, curieux, observateur avisé de toutes les singularités qu'il rencontre. C'est de plus, un excellent chroniqueur, qui écrit dans un style enjoué et coloré qui n'est pas sans rappeler par moment l'écriture de Rabelais, et dont l'auteur de cet article nous livre de larges extraits, comme par gourmandise linguistique.

Entre de tumultueuses tempêtes, de paralysantes « bonaces », de funestes rencontres avec des navires corsaires et les délices de Chio, l'île paradisiaque de la mer Egée, nos lecteurs pourront suivre les multiples aventures de notre ambassadeur périgourdin et de ses compagnons qui vécurent en Méditerranée une véritable Odyssée des temps modernes. Ne cherchons pas, toutefois, l'existence des sirènes, la présence de femmes étant strictement prohibée dans toute navigation.

Une fois à Constantinople, le récit nous fait découvrir la réalité du monde ottoman, la cour du Grand Seigneur, c'est-à-dire le sultan, le sérail et ses mystères, la chambre du divan où notre ambassadeur fut souvent assis sur un tabouret en face du Grand vizir pour régler des différends. Nous partagerons aussi les activités et les plaisirs de ces hommes du XVIIe siècle, passionnés de chasses, de chevaux et de chiens et qui s'entraînent à tirer à l'arc turquois avec leurs amis ottomans.

Nous découvrirons la Maison de France, véritable administration française au sein de l'Empire, admirablement construite en un lieu appelé « les vignes de Pera », sur une colline d'où l'on pouvait voir toute la ville, le sérail, la côte d'Asie et toute la descente « du canal de la mer Noire au Propontide », c'est-à-dire le Bosphore, par où entraient et sortaient quantités de vaisseaux.

Ceux de nos lecteurs qui ont eu le privilège de visiter Istanbul reconnaîtront, malgré la modernité actuelle, ces lieux magiques décrits sous la plume de Julien Bordier il y a quatre siècles, les autres auront peut-être, à la lecture de ces pages, l'envie de mettre leurs pas dans ceux de Jean de Gontaut, ambassadeur du roi, qui signe toutes ses correspondances du nom de Salagnac et peut-être aussi, de se recueillir sur la tombe de ce bon serviteur de la France qui ne put survivre à la mort de son vénéré maître et roi : Henri IV.

 

 

On peut se procurer ce bulletin à la maison de la Presse et à la librairie Majuscule à Sarlat. Il est toujours possible de s’abonner ou de se procurer les anciens numéros en s’adressant au secrétariat de la société : Société d’Art et d’Histoire de Sarlat et du Périgord Noir,  B.P. 47 24201 Sarlat Cedex.

 

       


 

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