Des enfants d’Eugène Le Roy au sculpteur Léon Zack
Des Rôles Gascons dans la Guyenne anglaise
aux enfants d’Eugène Le Roy, sans omettre le
Chemin de Croix de l’église de Carsac, le n°
122, 3e trimestre 2010, du bulletin Art et Histoire en Périgord
Noir parcourt les siècles et les centres d’intérêt.
On y évoque tout d’abord deux
temps forts de ses activités récentes.
* La visite en avril, à Carsac, des
châteaux de La Gazaille, propriété de
M. Pasquini, en partenariat avec l’association La Pierre
Angulaire, affiliée à la Fédération
des Aînés Ruraux, en présence des présidents
Jean Darriné et Francis Guichard, des maires de plusieurs
communes et la participation de M. Philippe Rochas, directeur
du Service départemental de l’Architecture et
du Patrimoine.
* La sortie en juin de notre Société,
sous l’égide d’Alain Blondin, avec la visite
du château de Lardimalie, présenté par
son propriétaire le colonel Boissarie et Jeanine Rousset
qui en retrace l’histoire, et les chais aménagés
en musée du vin par ses actuels propriétaires
descendants de M. Secrestat, fondateur du domaine. Rejoignant
la vallée de l’Auvézère, haut lieu
des premières batailles de la Guerre de Cent Ans, notre
groupe découvre le charmant village du Change, qui
possède plusieurs châteaux, survivance de co-seigneuries
que nous a présenté Lylian Duclaud.
Quand l’Angleterre convoitait le Périgord
aux XIIIe et XIVe siècles : rare document présenté
par Nicole Bispalie qui nous fait entrer dans cette époque
troublée et fluctuante où le Plantagenêt
anglais et le Capétien français joue tous deux
d’influences contradictoires auprès des seigneurs
locaux pour s’assurer, par vassalités interposées,
la possession de l’Aquitaine. Relations complexes et
épreuves de force entre le roi-duc et son suzerain.
Les Rôles Gascons, masse énorme
de documents émanant de la chancellerie du Roi d’Angleterre
ont été écrits en gascon, puis recopiés
en latin. Ils sont la trame de l’histoire féodale
locale, la preuve d’une vassalité moins rigide
qu’on ne le pense, où apparaissent épisodiquement
des seigneurs périgourdins, plus ou moins opportunistes,
profitant des situations et jouant sur les deux tableaux selon
leurs intérêts du moment.
Chaussons des Bottes de Sept Lieues pour
nous projeter cinq siècles en avant et rejoindre Eugène
Le Roy. On pensait tout connaître de l’homme et
de son œuvre, qui ont fait, encore récemment,
l’objet d’une biographie et d’une analyse
particulièrement documentées. Richard Bordes,
grâce à des documents inédits conservés
par les descendants de l’écrivain, évoque
les trois fils d’Eugène et de Marie Le Roy :
Yvon, l’aîné, interne des hôpitaux
qui décède prématurément en 1902,
à l’âge de 28 ans, laissant des parents
naturellement inconsolables. L’écrivain, malgré
sa force de caractère, laisse la place au père
meurtri pour livre le récit à chaud des derniers
instants de son fils, témoignage sensible et poignant
écrit dans la douleur, que notre Bulletin republie
73 ans après sa publication initiale dans les Cahiers
de Jacquou le Croquant.
Eugène Le Roy, qui décède
lui-même en 1907, ne verra pas mourir son troisième
fils Richard en 1915 dans les tranchées du Labyrinthe,
au cours de ces journées sinistres de mai et juin où
les Français perdent 102 500 hommes pour n’avoir
gagné que 20 km2 de terrain. Malgré ses blessures,
son deuxième fils Robert survivra à la Grande
Guerre et assurera la descendance de la famille en épousant
Marcelle Dasseux. Ils auront quatre filles. On ne sait
comment aurait réagi devant tant d’horreur
cet anticlérical avéré, républicain,
patriote et nationaliste convaincu qu’était Eugène
Le Roy.
Retour à plus de sérénité
avec le commentaire d’Alice Legendre sur le Chemin de
Croix de la si belle petite église romane de Carsac.
Une œuvre résolument moderne réalisée
par le sculpteur Léon Zack dont l’art abstrait
et la sensibilité très fine mais très
dépouillée paraissait convenir aux désirs
des commanditaires notamment l’abbé Delteil,
curé de Carsac, soutenu par André Malraux.
L’œuvre est composée de
quatorze plaques de terre cuite évoquant de manière
très stylisée et par la seule position des croix
le cheminement du Christ jusqu’à sa mise au tombeau.
Des extraits du Chemin de Croix de Paul Claudel aide à
en magnifier le sens.
Annick Lebon
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