La Société d'Art et d'Histoire de Sarlat et du Périgord Noir

 
BULLETIN n°112 -1er trimestre 2008
Sommaire des bulletins

Entre château, cabarets, cimetière, fête et saisons

Où il est question de château, cabarets, cimetière, fêtes et saisons. C’est à lire dans le bulletin n° 112, 2008, d’Art et Histoire en Périgord Noir.
Bonne nouvelle à retenir dans la vie de la Société d’Art et d’Histoire de Sarlat et du Périgord Noir ! L’année 2008 commence en fanfare avec l’arrivée de nombreux nouveaux adhérents. Preuve, s’il en était besoin, de l’intérêt croissant que rencontre notre bulletin en Périgord et au-delà.

Le n° 112 s’ouvre sur un article de Jacqueline Jouanel sur le « contrôle des cabarets dans les campagnes à la veille de la Révolution », en particulier dans la paroisse de Meyrals. Les cabarets, classés en trois catégories, étaient soumis à autorisation fixant, dans des limites très précises, la délivrance des boissons et les mesures d’ordre public y rattachées. La tentation de tourner la loi fut de tous les temps. L’auteur exhume sur ce point les démêlés du sieur Lagorsse, récidiviste en ouverture illégale de cabaret. Le rapport du procureur d’office ne manque ni de sel ni de vie ; la lecture, réjouissante, en est vivement recommandée.
Dans l’affaire Lagié-Delalix, à la même époque, une rixe dans un cabaret entraîne l’intervention du procureur de la juridiction de La Roque pour rechercher les coupables, secourir les blessés, mais aussi pour sanctionner une ouverture sans autorisation et l’éventuelle délivrance de boissons hors des heures autorisées, le 28 novembre 1784, en automne, notons-le bien. Cette question d’heure est primordiale. Le tenancier considère qu’à l’heure de la rixe – une heure de nuit, soit 6 heures du soir – en novembre, il est encore soumis à l’horaire d’été fixant la fermeture à 10 heures du soir. Il ressort d’un complément d’information que, chez Lagié-Delalix, on buvait à toute heure ou peu s’en faut. On ignore le jugement qui s’en suivit. A l’époque, existaient dans la campagne de nombreux cabarets ouverts illégalement au risque, pour le cabaretier, de se faire malmener physiquement ou fiscalement. Jacqueline Jouanel tire une conclusion intéressante sur le rôle social des cabarets et la tolérance dont ils ont parfois fait l’objet.

On passe à un autre ton dans l’article d’Anne Béchaud consacré au « château du Barry à Marcillac-Saint-Quentin, 600 ans d’histoire ». Après avoir rappelé l’histoire de la paroisse de Saint-Quentin, l’auteur retrace les étapes qui ont précédé la longue « ère » de la famille de Gérard –originaire de Majorque – dans cette paroisse. C’est à François III de Gérard (1555-1624), lieutenant général du Périgord, qu’est due l’acquisition des maisons nobles du Barry et autres. Il se qualifie de seigneur du Barry, la Ricardie, le Blancher et la Maletie.
L’article retrace le passage des générations de la famille de Gérard du Barry et les traces qu’elles ont laissées tant en leur hôtel de Sarlat qu’au château du Barry. François V acquit la paroisse de Marcillac en 1772 et se partagea entre Sarlat et le Barry. François VI et son fils Eugène mèneront tout comme lui cette vie de gentilhomme campagnard. C’est Eugène qui fit abattre au Barry une partie des bâtiments jugés vétustes et dangereux vers 1850. A partir de cette époque, débute la lente dégradation du Barry voyant préférer Giverzac et Sarlat. L’importance du domaine, en indivision, nécessita la mise en fermage en 1888. Les fermiers furent logés dans le château dont l’état était préoccupant. Après le décès des trois frères indivis, le château du Barry fut vendu en 1925 et fit, par la suite, l’objet de divisions successives. L’article s’intéresse à l’évolution architecturale du château entre le XVe et le XIXe siècle complétée par des renseignements cadastraux. Ainsi se trouve illustrée au travers des siècles la vie quotidienne d’une famille noble entre ses maisons de la ville et des champs.

Tout récemment, un maire, faute de places dans le cimetière communal a réglé le problème en interdisant, par arrêté, de mourir sur le territoire de la commune… De 1804 à 1860, les édiles daglanais auraient été bien inspirés de prendre pareille mesure. Ils auraient évité le long cheminement administratif qu’Olivier Deltheil retrace dans le « cimetière de Daglan : de l’enclos paroissial à la notion d’hygiène ». Bien qu’absorbé en 1804 par l’établissement de l’Empire et la nomination des maréchaux, Napoléon s’inquiéta de la santé des populations et décida, par mesure d’hygiène, le transfert des cimetières hors agglomération (décret du 23 prairial an XII). Le génie n’a pas de limites mais ce fut l’origine des tribulations des élus de Daglan. Concernée, la commune rechercha, dès 1804, des terrains conformes aux dispositions du décret. Refus de vente des propriétaires des terrains convenables et récriminations privées transformèrent ce dossier en querelle de clocher. Après nouvelle enquête, faute d’accord, de finance et d’intérêt de la part de la population pour ce transfert, l’affaire en resta là jusqu’en 1835. A cette date, la déclaration d’utilité publique n’eut pas de suite. Fin 1853, devant l’urgence, le sous-préfet demande l’expropriation des terrains pour cause d’utilité publique. Après de nouvelles péripéties, une enquête publique recueillit une majorité suffisante pour exécuter le transfert du cimetière qui sera financé par un impôt extraordinaire sur neuf ans. Début 1860, la commune entre en possession du nouveau cimetière. En 1929, se pose le problème de son agrandissement. Le coût de l’opération fait différer l’achat du terrain jusqu’en 1935 où il fallut l’injonction du préfet pour réaliser, enfin, l’agrandissement en 1939… Un cimetière est, par définition, le champ du repos, sa gestion ne fut pas de tout repos pour plusieurs générations d’élus.

Nous ne savons si René Lacombe a travaillé d’après ses notes ou s’il a fait appel à une mémoire particulièrement fidèle pour nous donner, dans l’actuel bulletin la suite de ses souvenirs dont la 1re partie a paru dans le n° 111 sur la « vie dans l’entre-deux guerres à Saint-Aubin-de-Nabirat » qui s’intéresse au travail et aux fêtes. Les travaux, souvent durs, tels que battages et vendanges, s’effectuaient dans la bonne humeur avec l’aide du voisinage. S’en trouvaient parfois exclus les voisins qu’une brouille rendaient indésirables. On apprend tout sur la vigne et le tabac au long des saisons. Le paiement de la récolte de tabac était l’occasion de cadeaux dont rené Lacombe se souvient avec émotion. Il n’a pas non plus oublié qu’une livraison de tabac avait valu à son père de se retrouver devant la justice. Les travaux d’hiver était consacrés au nettoyage des sous-bois, aux fagots, au stockage de litières, aux prestations en nature, aujourd’hui disparues, de la taxe vicinale. Le cycle des jours était marqué par les dimanches, les rares journaux, les passages d’avions. On comptait encore en sous, en livres et les mesures agraires étaient locales comme les poids. Les personnages originaux et les chemineaux étaient encore nombreux et les soins médicaux peu compliqués. Les commerces sédentaires ou ambulants pratiquaient chacun leur « marketing ». Les foires et les fêtes votives fournissaient l’occasion de retrouvailles et de réjouissances. On retrouvera, dans l’article, le parfum, la cacophonie et les plaisirs simples de ces journées, le rituel des préparatifs, la plantation du mai et les aubades.
Heureux temps où les distractions simples suffisaient à combler petits et grands et apportaient une parenthèse dans une vie frugale et rude.

Deux lettres de M. de Calvimont, en 1810, au prieur de Bouzic sont présentées par Francis Guichard. Dépossédée à la Révolution des biens importants qu’elle avait à Saint-Martial et sur les paroisses voisines, la famille Calvimont émigra en Irlande. Seul survivant, en 1796, à 34 ans, Jean-Baptiste-Armand-Auguste de Calvimont rentra en France. Il épousa Jeanne-Sophie de La Salle. Le jeune ménage se fixa au château de Cérons, propriété de l’épouse, que Calvimont a contribué à restaurer. Jean-Baptiste a conservé quelques lieux dans son cher Périgord et des relations amicales avec le prieur de Bouzic. Les deux lettres reproduites, auxquelles manquent malheureusement la réponse du prieur, font état des préoccupations du moment qui sont celles des émigrés de retour d’exil : passage de troupes vers l’Espagne, second mariage de l’Empereur, litiges à propos de récupération de biens confisqués. Dans une forme familière et amicale, Calvimont fait aussi part à son ami des événements et des soucis familiaux. Il s’étend avec gourmandise sur la dinde et les truffes reçues du prieur, sans zeste de froideur irlandaise.

Michel Lasserre a retrouvé un article de Jean Labrousse paru en 1910 dans l’Union Sarladaise. Ce « Périgourdin de Paris » nostalgique, a dédié à Sarlat, sa petite patrie, une ode enflammée, dans le style de l’époque, il est vrai. Le charme de Sarlat qui y transparaît n’est-il pas toujours présent ?

On peut se procurer des numéros du bulletin en écrivant au secrétariat de la Société d’Art et d’Histoire de Sarlat et du Périgord Noir, B.P. 47 – 24201 Sarlat cedex ; ou auprès de l’Office du tourisme, de la Maison de la Presse, de la librairie Majuscule ou encore à L’Orange bleue à Sarlat.


 

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