Troubles
religieux, disettes, famines et autres calamités en
Périgord Noir aux XVIIe et XVIIIe siècles
Le n° 110 (3e trimestre 2007) du bulletin
Art et Histoire en Périgord Noir vient de paraître.
Outre les traditionnelles informations réunies dans
les Nouvelles de la Société, on trouve les comptes-rendus
de deux activités particulières de la Société.
Le premier est relatif à une sortie « autour
de Rouffignac et de la forêt Barade», le second
évoque la journée « autour du château
de Hautefort ».
Ces journées ont été riches et ont offert
de multiples centres d’intérêt : d’un
côté, visites de l’église de Bars,
du château de l’Herm, de l’église
Saint-Germain de Rouffignac, de la grotte aux « Cent
mammouths », de l’autre, du château de Hautefort
et du musée de la Médecine de Hautefort. Des
conférenciers et des guides de qualité (dont
parfois les propriétaires des sites) ont commenté
avec talent et enthousiasme chacun de ces sites. La sortie
sur Hautefort a aussi été l’occasion d’écouter
un exposé passionnant du professeur Bernard Lachaise
sur une grande figure de l’histoire locale, Yvon Delbos.
Trois articles très fouillés
et très documentés illustrent la thématique
: troubles religieux, disettes, famines et autres calamités
en Périgord Noir aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Le premier, rédigé par Jean-Jacques Despont,
décrit les brimades, les vexations et les répressions
subies par les protestants dans le diocèse de Sarlat
au XVIIe siècle. L’auteur, en historien avisé,
remet en perspective ces événements dans le
contexte politique et religieux qui prévaut en France
pendant une longue période qui s’étend
entre 1550 et la révocation de l’édit
de Nantes : combats entre catholiques et protestants, saccages
et pillages, retour progressif de l’autorité
royale, lutte organisée contre l’hérésie
huguenote, conversions forcées des protestants. Même
si en Périgord Noir, la lutte contre les protestants
n’a pas été la préoccupation majeure
des autorités royales et religieuses, l’article
met en valeur le rôle des évêques de Sarlat
dans une sorte de contre-réforme catholique (Louis
II de Salignac-Fénelon) et dans des conversions massives
et forcées (François II de Salignac-Fénelon).
L’auteur donne ainsi des éléments et des
jalons pour une histoire du protestantisme en Sarladais.
L’article suivant est le 4e volet d’un
dossier consacré à une chronique des années
de misère en Périgord à la fin du règne
de Louis XIV. Après la description des famines et des
épidémies relatées dans des articles
parus antérieurement, Philippe Rougier dresse un tableau
saisissant des malheurs des habitants du Périgord Noir
lors du grand hiver 1709. Deux vagues de froid intense se
succédèrent pendant ce terrible hiver, occasionnant
des dégâts à toutes les productions agricoles
: céréales, légumes, fruits, vignes,
noyers, châtaigniers. Il en résulta une profonde
disette et, à la lecture de cet article, on mesure
à quel point les noix et les châtaignes étaient
fondamentales dans l’alimentation, voire dans la vie
quotidienne. Cet article dénonce également la
spéculation honteuse qui accompagna ces famines ; des
« usuriers du blé » stockèrent les
produits des récoltes précédentes afin
de provoquer l’augmentation du cours du blé et
du seigle.
Dans un troisième article, bien documenté
et traité avec verve et humour, Claude Lacombe traite
de la disparition progressive des loups en Périgord
et en Sarladais du XVIIe siècle au XXe siècle.
Les loups constituaient en effet une autre calamité
accablant des populations déjà éprouvées
par les guerres, les famines et les épidémies.
On sait combien la bête du Gévaudan a compté
dans l’imaginaire des populations du XVIIIe siècle.
En témoigne le début de l’article qui
relate l’apparition d’un « loup enragé,
d’une grandeur extraordinaire…. » que l’auteur
qualifie avec humour de « bête du Sarladais ».
L’éradication des loups a été le
résultat de l’organisation de battues (peu efficaces)
et de l’attribution de primes confortables.
Le quatrième article de ce numéro
de la revue, rédigé par Robert Bouet, s’intéresse
à l’inventaire dressé par l’abbé
Vienne en 1822 sur l’église de Saint-Cyprien
à la demande du nouvel évêque de Périgueux.
Robert Bouet cite dans cet article les passages les plus intéressants
de cet inventaire sur l’église, la sacristie
et les objets de la confrérie. Au-delà de cet
inventaire, l’auteur met en exergue quelques commentaires
de l’abbé Vienne sur les mesures à prendre
pour rétablir « la décence et l’ordre
» dans l’église, pour faire des économies
et augmenter les revenus d’une église située
dans une ville riche et opulente.
Si vous voulez en savoir plus sur ces études
et sur celles précédemment parues, vous pouvez
consulter le site Internet de la Société en
tapant http://ahspn.free.fr
On peut d’autre part se procurer des numéros
du bulletin en écrivant au secrétariat de la
Société d’Art et d’Histoire de Sarlat
et du Périgord Noir, B.P. 47 – 24201 Sarlat cedex
; ou auprès de l’Office du tourisme, de la Maison
de la Presse, de la librairie Majuscule ou encore à
L’Orange bleue à Sarlat.
J. F.
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