La Société d'Art et d'Histoire de Sarlat et du Périgord Noir

 
BULLETIN n°106 -3ème trimestre 2006
Sommaire des bulletins

Des famines du XVIIe siècle aux cartes postales de Pierre Daudrix

 - Quel beau jeune homme ! s’exclame notre charmante amie en s’emparant sur la table du n° 106 d’Art et Histoire en Périgord Noir où figure, en couverture, la photo en pied de Pierre Daudrix. Tout en feuilletant la revue, elle fit cette réflexion :
- Si Daudrix n’est plus, votre revue demeure, elle, bien vivante.
 C’est un fait. A la lecture des " Nouvelles de la Société ", on constate qu’une fois encore, la Société d’Art et d’Histoire de Sarlat et du Périgord Noir a eu le souci " d’aérer " ses lecteurs.

Le 8 juillet, les membres furent invités, après un déjeuner à Montignac, à une conférence donnée dans le chai du château de Losse, par Guy Mandon, inspecteur général de l’Education nationale sur " Les débuts de la Révolution en Périgord ". Le sujet, par nature, devait conduire à des échanges. Ils furent animés face à un conférencier passionné. Suivit la visite du château sous l’aimable et érudite conduite de Mme Jacqueline Van der Schueren.
 Une autre occasion de prendre l’air du temps passé fut également offerte, le 12 juin, par la commission des Sites et Monuments de la Société lors de la visite de Rocamadour, précédée d’un arrêt au moulin de Cougnaguet.
 Après la présentation du site de Rocamadour, Alain Blondin rappela l’histoire du pèlerinage et de la restauration de la cité et, en suivant les notes d’Alain Bogaert, l’importance de la dévotion mariale. Dans la cité, il présente les édifices religieux et Michelle Bouyssonie, la fresque du " dict des trois morts et des trois vifs ". La visite des sanctuaires fut conduite par un des chapelains de Rocamadour, l’abbé de Gouvello, qui mêla références bibliques et humour.
Sur le chemin de retour, Francis Guichard apporta d’intéressantes précisions sur la géologie et l’hydrogéologie du Causse traversé.
Autre ouverture vers l’extérieur. Lors de sa sortie culturelle, la Société des Etudes du Lot avait demandé à Francis Guichard de guider la visite de La Roque-Gageac.

Notre amie continuait de parcourir la revue.
- C’est épatant d’enjamber les siècles et de passer si facilement des famines du XVIIe siècle à la photographie du XXe siècle. Et elle poursuivit sa lecture jusqu’à la dernière page.
 
La première partie de l’article de Philippe Rougier sur " Les famines en Périgord à la fin du règne du Roi Soleil " avait laissé, si l’on peut dire, les lecteurs sur leur faim. Dans la 2ème partie consacrée à " 1698-1699- Une famine annoncée ", les calamités accablent le Périgord.
Les cultures de 1697 sont déficitaires. Les prévisions de l’intendant, Bazin de Bezons, se révèlent exactes. 1698 est marquée par une suite de catastrophes : inondations, froid exceptionnel, grêle, gel avec pour conséquences moisson maigre et gâtée, vignes grêlées, peu ou pas de châtaignes. Deux mauvaises années consécutives ont des conséquences dramatiques. L’intendant et l’évêque de Périgueux s’alarment d’une situation pire qu’en 1692-1694 : misère, population victime de la famine, menace de désordres.
L’intendant prend des mesures. Proposition de diminuer l’impôt, contrôle des mouvements de marchandises  afin d’alimenter les zones sinistrées et d’éviter la spéculation, achat dans d’autres provinces, interdiction de toutes sorties de grains, fèves et châtaignes.
Pour faire face à la misère, l’Eglise, les riches particuliers et l’Etat interviennent à des degrés divers. Mgr de Francheville, évêque de Périgueux, en est l’élément moteur. Il secourt personnellement les pauvres, incite les habitants à être généreux, se concerte avec l’intendant pour organiser la charité et obtenir du Roi une aide financière utilisée, pour partie en distribution de denrées dans les paroisses, pour partie en transport et achats de blé revendu à bas prix. La création d’ateliers publics doit permettre aux pauvres de subsister jusqu’à la prochaine récolte. La mauvaise période touche à sa fin. Relativement privilégié par le Roi, le Périgord aura reçu au total 61 000 livres.
En 1699, la moisson est passable. La récolte de châtaignes, abondante. Tout au long de ces années apparaissent collaboration exceptionnelle et estime entre l’évêque de Périgueux et l’intendant de Bordeaux.

On se souvient d’une affaire récente, à propos d’un coq, plaidée devant le tribunal de Sarlat. L’article d’E. Nave nous apprend qu’en 1633-1634, déjà, un litige à propos d’un coq vint devant le Présidial. Les tribunaux sarladais auraient-ils vocation à s’intéresser à ce volatile ? Vous verrez comment, à cause d’un coq, l’enseigne d’un cabaret " Au boiteux qui prend " devint " Au boiteux qui  rend " et se retrouva au musée Carnavalet.

L’intérêt porté aux cartes postales anciennes du Sarladais restait limité aux sujets plus qu’à l’auteur. Jean-Marie Daudrix répare cet oubli et consacre à son grand-oncle, Pierre Daudrix (1866-1951), une notice biographique axée sur l’éditeur photographe.
Pierre Daudrix installé comme papetier, relieur, encadreur, s’est passionné pour la photographie.Il sut saisir les paysages des communes de Dordogne, les personnages typiques, les monuments, les marchés et leurs foules. Les cartes postales éditées par Pierre Daudrix constituent une oeuvre unique et l’on peut dire que " Pierre Daudrix, c’est LA carte postale en Sarladais ". La grande majorité des photos a dû être réalisée entre 1900 et 1920, dans un rayon maximum de cinquante kilomètres autour de Sarlat. Pierre Daudrix n’avait pas de voiture pour effectuer ses déplacements avec un lourd matériel. Il développait ses clichés et, s’il était satisfait du résultat, envisageait impression et diffusion des cartes postales. L’ensemble des quelque 800 cartes postales qu’il a éditées constitue une oeuvre patrimoniale. Les plus intéressantes touchent la vie rurale en Sarladais. Pierre Daudrix laissa sur le Sarladais une mine d’informations dont donne une idée l’abondante illustration de l’article.

Robert Garabiol sest intéressé aux comptes des fabriques des paroisses de Saint-Amand-de-Coly, Saint-Geniès et Salignac sous le Concordat. Le conseil de fabrique, en plus des membres de droit, curé et maire, comporte un certain nombre de membres laïques.
Les recettes sont constituées principalement par la location des bancs et des chaises et par une petite contribution perçue lors des obsèques. Au titre des dépenses figurent celles entraînées par le culte (cierges, ornements) et la modeste rétribution des auxiliaires (sacristain, etc.). A titre exceptionnel, on note des honoraires de prédicateur ou d’un remplacement par un prêtre de paroisse voisine. Les recettes sont systématiquement supérieures aux dépenses. Chaque fabrique a une pratique différente que détaille Robert Garabiol en apportant un satisfecit pour une gestion fort sage.

 

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